#10 – des vacances et de la culpabilité

RML

22 novembre 2025

Je reviens de vacances. Bah, oui, ça arrive. Dans mon cas, il y avait plus d’un an. J’étais parti avec du travail : finir le premier jet du 3e roman — je suis presque à la fin, ça aurait dû être facile, mais je sèche lamentablement, non pas que je ne sache pas ce que je veux écrire, mais je n’y arrive pas, tout simplement —.

Eh bien, je n’ai rien fini du tout. Mais j’ai fait des tas de rencontres, je suis sorti, j’ai fait la fête, et, résultat des courses, je reviens sans les dernières pages écrites, mais avec une vraie crève.

Avec un écoulement nasal, de la toux et l’ensemble de la panoplie.

Je reviens aussi complètement culpabilisé : une amie m’a interrogé sur le cinéma. Elle a aligné toute une série de titres de films d’auteur que je n’avais pas vus. Elle a fini par me dire : « tu n’es pas cinéphile, en fait ».

Je me suis senti complètement idiot. Pas un petit peu. Totalement, de bout en bout, crétin.

Je me suis raconté que je vivais en province, que ce type de film n’y sort que quelques jours, etc.

Pendant quelques minutes, je me suis fait illusion.

Après, il a fallu se rendre à l’évidence : je ne suis plus trop cinéphile.

Rentré chez moi, comme je ne dormais pas à cause du rhume, j’ai ruminé.

Au milieu de la nuit, je me suis abonné pour un an — oui, un an payé d’un coup, comme ça, tu ne peux pas t’y soustraire — à la plateforme Mubi.

Voilà, me suis-je dit, tu vas en bouffer du film d’auteur pendant un an ! On pourra plus te dire que tu n’es pas cinéphile.

Le premier soir, j’ai religieusement regardé Elle de Verhoeven. Je m’étais dit que c’était un choix malin, un film d’auteur, mais pas trop quand même.

Tandis que mon nez coulait, mon cerveau devait aussi se liquéfier, car j’ai trouvé le film long, inintéressant et mal joué. Par contre, j’ai découvert un tic de jeu d’Isabelle Huppert qui m’a amusé : elle n’articule quasiment pas, et laisse sa mâchoire tomber. Aucune chance que les rides autour de la bouche ne s’expriment. Ça m’a fait la soirée. Pour le reste, je n’ai pas grand-chose à dire.

Puis, le lendemain, je me suis souvenu que j’avais déjà été abonné à MUBI il y a quelques années de cela, et que j’avais quitté la plateforme, car je n’étais pas assez souvent en forme pour regarder exclusivement des films « arty ». Je n’en avais visionné qu’une dizaine sur un an, ce qui ne justifiait absolument pas l’abonnement.

Au troisième jour, entouré d’un rempart de mouchoirs en papier, je me suis dit que j’étais vraiment crétin.

Moralité : ne plus partir en vacances. Je l’ai noté en gros dans un carnet.

Bon, en même temps, je risque de ne pas l’ouvrir suffisamment pour ne plus partir.

Crétin, je vous dis.

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