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Voilà une question qu’on ne pose jamais, ou si peu.
Soit tu lis, et ça va de soi, même si tu ne sais pas bien pourquoi ; soit, tu ne lis pas, et… ça va aussi de soi, sans que tu ne saches pas vraiment pourquoi non plus.
Tu as sans doute aussi un vague souvenir de l’école — c’est terrible pour tous les enseignants de constater ce qui reste de leurs efforts — où on t’a dit que c’était bien de lire.
Pourtant, la lecture offre de nombreux bienfaits, tant pour le développement personnel que pour la santé mentale et cognitive. Voici un petit tour d’horizon :
La lecture stimule le cerveau et peut améliorer la mémoire, la concentration et les capacités analytiques.
Alors, ça paraît tellement évident que je peine même à l’écrire ! La lecture t’apprend de nouveaux mots et de nouvelles structures syntaxiques. Mais le plus intéressant c’est qu’elle te les apprend en situation. Tu les découvres dans un contexte, et parfois ce contexte te permet lui-même de déduire le sens d’un mot que tu ne connais pas, ou d’une structure rare ! Et c’est beaucoup plus efficace que le dictionnaire en matière d’apprentissage !
Évidemment, plus tu connais de mots et de figures syntaxiques, mieux tu communiques à l’oral comme à l’écrit, car tu possèdes davantage d’outils pour affiner ta pensée.
Alors oui, le livre te fait t’évader de ton quotidien. Tu te détends, comme si tu partais en voyage très loin… c’est vrai. Mais sais-tu que la lecture a un vrai effet physiologique ?
Lorsque tu lis, en général, tu t’installes confortablement. Et que se passe-t-il au bout de quelques minutes ? Ton rythme respiratoire s’infléchit, il en va de même pour le rythme cardiaque, ton corps se met au repos, et, ô miracle, tes tensions musculaires s’apaisent !
Et ce n’est pas tout ! Des études ont montré que la lecture contribue à réduire le taux de cortisol, l’hormone du stress, dans ton corps ! En seulement six minutes de lecture, sa réduction est visible dans toutes les études.
Qui plus est, en général, lorsque tu te mets à lire, tu as construit sans t’en rendre compte un rituel. Ce peut être l’heure, le lieu, la luminosité, etc. Avant même que tu ne commences ta lecture, ce rituel indique à ton cerveau que c’est l’heure de la pause…
Et pour finir, la lecture a des effets antidépresseurs ! La bibliothérapie (oui, ça s’appelle comme ça !) a des effets bénéfiques sur la santé mentale. En offrant des perspectives nouvelles, des solutions à des problèmes ou même un soutien émotionnel, la lecture contribue aussi à la réduction du stress dépressif.
Ce point concerne uniquement la lecture de fictions.
Le transport narratif qui consiste à emporter et immerger le lecteur dans la fiction, au point qu’il puisse en oublier le temps et l’espace, peut renforcer l’empathie, car il n’y a transport narratif que si l’empathie est à l’œuvre.
Un autre des phénomènes étonnants que peut produire la lecture de fictions, c’est la réduction et le contrôle de l’égocentrisme. En montrant que les expériences et les perspectives des autres peuvent être tout aussi valables que les siennes, la lecture encourage à l’expérience d’une attitude plus ouverte sur l’autre.
Et bien sûr, la lecture de fictions enrichit sa réflexion personnelle. En réfléchissant aux expériences des personnages, les lecteurs peuvent mieux comprendre leurs propres émotions et celles des autres.
Voyager dans des mondes imaginaires, s’identifier à des personnages , s’exposer à des idées nouvelles, source d’inspiration, etc., je pense que c’est tellement une La Palissade que je ne vais pas prendre la peine de développer.
Là encore, tout est dans le titre ! Plus on lit, plus on accumule des connaissances. Plus ces connaissances sont entrelacées avec de la fiction, en particulier dans sa dimension émotionnelle, plus elles s’enracinent en profondeur. Cela a été très bien compris par les publicistes et les régimes fascistes !
Alors, celles et ceux qui lisent le savent bien : lire avant de se coucher favorise incroyablement l’endormissement. Les mauvaises langues diront que c’est parce que lire est tellement ennuyant ! Eh bien, que nenni ! Malheureusement, l’ennui stimule l’esprit et ne l’endort pas. L’organisme cherche à combler l’ennui par une activité (comme lire par exemple !).
Non, c’est bien la réduction du stress qui, associé à la fatigue de la journée, va produire l’endormissement. Qui plus est, la lecture est une stimulation mentale douce. En opposition aux écrans et à leurs contenus, truffés de stimuli visuels et sonores. Lors de la lecture, c’est votre cerveau lui-même qui produit les stimuli, et en général, sauf cas extrêmes, votre cerveau ne veut pas vous agresser pour vous garder captif !
Lire avant de s’endormir est aussi une manière de doucement mettre à distance les problèmes du quotidien. Tout le rituel de lecture le soir y contribue.
Lire avant de se coucher peut aider à se détendre et à préparer le corps pour le sommeil.
Enfin, la lecture est surtout aussi une source de plaisir et de divertissement.
Bon, cela paraît plutôt évident. Mais, il y a aussi une chose qui l’est moins, ou tout du moins qui ne saute pas forcément aux yeux, c’est l’intimité.
Lire est intime. Quand je lis, je suis seul. Seul avec le livre, mais seul aussi avec moi-même. Je fais l’expérience de ma propre intimité au travers de l’expérience d’intériorité des personnages de la fiction.
Personnellement, je crois que c’est cette tranche d’intériorité intime qui constitue l’expérience irremplaçable de la lecture. Car, paradoxalement, lire nous apprend à nous fréquenter nous-même.
Et comme je n’ai pas envie de conclure, je vous laisse sur ces mots…