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J’ai choisi de passer en autoédition en 2025. Ce choix peut sembler étrange à plusieurs d’entre vous ou être perçu comme un rejet. Vous vous dîtes déjà : il n’a pas trouvé d’éditeur. Et c’est vrai ! J’ai passé un an à envoyer mon manuscrit dans une quarantaine de maisons d’édition, et qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai eu très peu de retours. Et aucun de constructif. Au mieux, un courrier type.
Je n’envoie pas la pierre aux maisons d’édition, dont certaines reçoivent jusqu’à 500 manuscrits par mois. À ce rythme, comment les lire ? Comment en prendre connaissance ?
Certaines maisons d’édition ont des lignes éditoriales très strictes, et je ne rentrais dans aucune d’entre elles.
Enfin, une statistique m’a achevé : seulement 0,5 % des manuscrits proposés sont édités en France.
À partir de là, je me suis vu avec un roman fini et l’envie déjà d’écrire autre chose. Et plus le temps passait, plus ce premier roman avec son sujet s’éloignait de moi.
Soit je n’écrivais plus, et je me consacrais à essayer de faire éditer ce premier roman pendant les années qui viendraient.
Soit je continuais à écrire vers de nouveaux horizons, et je laissais mourir ce premier roman dans un tiroir.
Je n’avais envie de ni l’un ni l’autre. Je me suis rendu compte que ce dont j’avais vraiment envie, c’est d’être lu. De rencontrer un public. D’exister.
Finalement, ce dont j’avais envie, c’était de repartir à zéro. Me lancer dans une nouvelle aventure. Vibrer à nouveau. Rêver et partager.
Je me suis alors mis à chercher des informations sur l’autoédition. Et voici ce que j’ai trouvé et qui m’a convaincu de franchir le pas :
Je n’ai pas du tout la lubie du contrôle, je dirais même que c’est parfois flippant. Mais, quand vous écrivez un livre, et que c’est votre premier, c’est un peu votre bébé. Vous cédez à la tentation d’avoir le contrôle sur sa conception.
Et vous vous dîtes que ça va vous amuser de choisir sa couverture, son format, son prix ! C’est un peu comme choisir la couleur de la layette…
Vous avez déjà trimé des années sur son contenu, vous avez bien envie qu’il vous ressemble !
Alors oui, l’autoédition vous permet d’avoir le contrôle sur tout ça. Et en fait, c’est plutôt rassurant.
Là, ça a été la grande surprise ! J’ai découvert la part de redevance laissée aux auteurs et autrices sur leurs livres. Voilà la moyenne qui se pratique en France dans la chaîne du livre :
On voit de suite que l’auteur.trice est en bas de la chaîne. Et pourtant, tout dépend d’elle ou lui. Alors, pourquoi autant pour les autres ?
L’éditeur prend tous les risques commerciaux, de la fabrication à la communication. On va dire, c’est normal.
L’imprimeur, il paye le papier et la fabrication, difficile de faire moins.
Le diffuseur ? C’est lui qui véhicule votre livre en librairie, et, comme il a des monopoles par de grands groupes, eh bien, il se sucre.
Enfin, le libraire : il va garder plusieurs exemplaires qui lui prennent de la place. Pendant ce temps, il n’a pas la place pour autre chose, donc si ça ne se vend pas, il perd de l’argent. Et il est déjà dans une économie fragile.
Bref, j’ai découvert que l’auteur dans la chaîne du livre, c’était un peu comme l’agriculteur dans la chaîne de l’alimentation. Sans lui, rien à manger, mais il reste le plus mal payé.
Le plus choquant, c’est quand le livre est diffusé en Ebook, à un prix à peine plus bas que l’édition papier. Souvent, faute de négociations, la redevance de l’auteur reste la même, alors que libraires, distributeurs et imprimeurs ont disparu. Là, mon sang n’a fait qu’un tour !
Alors, elle dit quoi l’autoédition ?
Pour l’Ebook, la redevance se tient dans une fourchette de 55 à 80 % selon les plateformes.
Pour l’édition papier, c’est plus complexe, mais on reste dans une fourchette de 10 à 35 % (selon le nombre de pages, le prix de l’impression…) en utilisant l’impression à la demande.
Alors, oui, dans l’autoédition, la redevance de l’auteur ou l’autrice reste plus élevée !
En autoédition, vous publiez quand vous voulez. Vous n’êtes pas tributaire d’un calendrier de publication imposé, ni de l’approbation de votre éditeur qui peut prendre des mois, voire des années pour un premier livre.
Là encore, je ne stigmatise pas les éditeurs. C’est normal. Une fois qu’ils vous ont choisi, ils doivent inscrire votre livre dans une stratégie économique et de communication plus globale. Et en général, ils font ça très bien.
Vous, par contre, vous avez peut-être envie de publier maintenant. Parce que ce livre est important pour vous maintenant, et pas dans un an.
La flexibilité est l’un des avantages majeurs de l’autoédition.
En autoédition, tu décides exactement quand publier ton livre. Tu mets à jour ou révises ton livre (correction de fautes, ajout de nouveaux chapitres, ou même la refonte complète du contenu). Cette flexibilité permet de maintenir le livre à jour et pertinent. Bon évidemment, c’est plus facile sur la version Ebook que sur l’édition papier pour des raisons évidentes !
Tu peux choisir de publier ton livre dans différents formats (eBook, livre broché, livre audio, etc.) selon tes préférences. Tu peux décider de publier simultanément dans plusieurs formats ou de les échelonner.
Tu as la liberté de fixer le prix de vente de ton livre. Même si, attention, le prix du livre en France est unique. Une fois fixé, il ne peut plus bouger. C’est surtout intéressant sur la version Ebook, car, pour l’impression papier, les coûts réels ne permettent pas de moduler vers des prix bas, à moins d’éditer à perte…
En autoédition, comme tu maîtrises à peu près toute la chaîne de production de ton livre, tu es aussi aux premières loges pour entretenir un rapport direct avec tes lecteurs.
Il est beaucoup plus aisé de constituer une communauté de lecteurs fidèles, et aussi beaucoup plus facile d’obtenir des retours directs.
Pourquoi ? Parce qu’il y a très peu d’intermédiaires entre ton livre et le lecteur.
Pour moi, qui viens du spectacle vivant où le contact direct avec le public est consubstantiel à la représentation, il y avait une certaine logique à être séduit par cet argument. Mais je comprends très bien que d’autres s’en inquiètent.
L’auteur conserve tous les droits sur son œuvre, ce qui signifie qu’il peut décider de la manière dont il souhaite exploiter son livre, y compris les adaptations cinématographiques, les traductions, etc.
Bon. Il ne faut pas non plus rêver… Avant qu’une adaptation cinématographique existe…
Par contre, ce qui est intéressant c’est que vous ne cédez pas vos droits, même pour une durée limitée dans le temps, comme c’est le cas avec un éditeur, qui, généralement, demande l’exclusivité pendant plusieurs années.
J’ai connu des cas (rares, mais tout de même), où après un lancement raté du livre, l’auteur n’a pas pu récupérer ses droits jusqu’à la fin du contrat (c’est le principe d’un contrat). Mieux vaut que l’entente soit au beau fixe avec votre éditeur :
Là on parle bien de potentiel… car la visibilité, il va falloir vous la créer, et ça, c’est coton !
Néanmoins, en théorie, vous pouvez publier facilement en Ebook sur des marchés étrangers… et certains sont francophones… Les contraintes géographiques traditionnelles ne sont plus celles de votre éditeur…
Vous pouvez aussi faire traduire votre ouvrage et le lancer dans de multiples pays. Mais ça va vous demander un gros investissement pour payer un bon traducteur ou une bonne traductrice.
La bonne nouvelle, c’est que tout ça n’est pas si cher. Bien sûr, vous devrez payer la conception de la couverture ou la mise en page, ou la correction… et ce sera toujours plus cher que de trouver un éditeur qui prend cela en charge…
Mais à ma grande surprise, avec un petit budget, vous parvenez à faire exister votre bébé.
Je ne suis pas en train de dire que l’autoédition est démocratique et ouverte à tout le monde. C’est sûr qu’il faut un peu d’investissement monétaire que, sans doute, vous n’amortirez jamais.
Mais si vous ne trouvez pas de maison d’édition, comme 99,5 % des personnes qui envoient leur manuscrit en maison d’édition, qu’est-ce qui va se passer ? Votre livre restera dans le tiroir de votre bureau.
Contrairement aux livres publiés par des maisons d’édition traditionnelles qui peuvent être retirés des étagères si les ventes sont faibles ou partir au pilon, un livre autoédité peut rester disponible indéfiniment.
Bon indéfiniment, ça veut dire tant qu’internet existe et que la plateforme de vente existe…
Concrètement, ça veut dire que, si vous écrivez un autre livre, que celui-ci trouve un lectorat favorable, les lecteurs de ce livre pourront trouver et acheter sans problèmes vos premiers écrits, même des années après leur parution.
Je dois dire que ce point m’a particulièrement séduit.
L’autoédition est aussi synonyme d’expérience.
En vous lançant dans cette aventure où vous allez tout faire de A à Z, vous allez acquérir un certain nombre de compétences que vous ignoriez jusqu’alors sur la confection d’un livre, sa diffusion, le rapport aux lecteurs, etc.
Vous me direz, oui, mais à quoi bon ?
Eh bien, si demain vous trouvez un éditeur, vous ne serez plus ce débutant qui n’y connaissez rien. Vous serez plus à même de négocier votre contrat d’édition, car vous en connaîtrez mieux les clauses. Vous saurez aussi comment épauler votre éditeur sur la promotion de votre ouvrage.
Bref. Vous aurez acquis une expérience concrète sur l’édition d’un livre.
Je ne suis pas non plus naïf. Je sais que l’autoédition est aussi une énorme galère. Mais je ne vais pas vous faire son procès aujourd’hui. Cela fera l’objet d’un autre article détaillé que je vous prépare, mais je préfère choisir le jour où je vais me saper le moral !
Je vous souhaite une belle journée, une belle semaine, et je vous dis à bientôt.
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